Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez
Sancte Crucis in Jaresio / Jareysio
(Sainte-Croix-en-Jarez, Loire)
La chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez fut fondée en 1281 par Béatrix de la Tour († 1306), alors veuve de Guillaume de Roussillon († 1277), frère d’Aymar de Roussillon († 1283), archevêque de Lyon. Les ressources financières destinées à assurer le bon développement de la fondation provenaient ainsi de la seigneurie de Roussillon.
Fait inhabituel dans le monde cartusien, Sainte-Croix autorisa l’accès de Béatrix à l’enceinte monastique ainsi que son inhumation dans l’église. La chartreuse fut édifiée conformément aux usages de l’ordre : l’église et plusieurs espaces communs s’organisaient autour d’un petit cloître, tandis que les cellules des chartreux occupaient une seconde zone, autour d’un grand cloître. Élément distinctif, les espaces dévolus aux services et à l’organisation économique, en relation directe avec l’extérieur (correrie), faisaient partie du même noyau monastique, tout en conservant leur indépendance fonctionnelle.
Au cours de la première moitié du XIVe siècle fut construite la première église destinée à la communauté, des bâtiments provisoires ayant été utilisés jusque-là. En 1629, un incendie affecta gravement la chartreuse, en particulier l’église, qui fut reconstruite à l’emplacement de l’ancien réfectoire, tandis que l’édifice du XIVe siècle fut adapté à d’autres usages. À la suite de la Révolution française, le démantèlement du monastère commença en 1790 et une partie de la communauté se dispersa ; en 1792, les cinq derniers moines encore présents quittèrent les lieux et les biens furent vendus. Le site fut progressivement occupé par des habitations, et l’église finit par assumer des fonctions paroissiales. En 1888, le noyau se constitua en commune indépendante sous le nom de Sainte-Croix-en-Jarez.
L’ensemble bâti de la chartreuse s’organise autour d’une première cour, la Cour des Obédiences, à vocation de correrie. Un long corridor reliait cet espace au Grand Cloître, autour duquel se disposaient les cellules, et donnait également accès au petit cloître et aux bâtiments communs. Aucune atteinte directe liée à la guerre de Cent Ans ni aux guerres de Religion n’est attestée, mais l’ensemble dut être reconstruit après l’incendie de 1629. En raison de ce sinistre et des effets de la Révolution, les archives et la bibliothèque furent perdues ou dispersées, bien que certains documents soient connus grâce à des copies ultérieures.
- BONNEFOUS, Eugène (1851). Histoire de Saint-Étienne et de ses environs. Saint-Étienne: Delarue
- CARTOIXA DE PARKMINSTER (1915). Maisons de l'ordre des Chartreux. Vol. II. Chartreuse de Saint-Hughes (Sussex)
- DERBIER, Josselin; i altres (2015). Étude historique et documentaire sur l’ancienne chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez. Archeodunum
- DURIEZ, Mathilde (2024). Sainte-Croix-en-Jarez. Ancienne église médiévale. ADLFI
- LE COUTEULX, Carolo (1888). Annales Ordinis Cartusiensis ab anno 1084 ad annum 1429, Vol. IV. S. Mariae de Pratis
- LEDUC, Guy (2006). Sainte-Croix-en-Jarez, une chartreuse revisitée dans le Pilat. Bourg-en-Bresse: Edelgé
- THIOLLIER, Félix (1889). Le Forez pittoresque et monumental. Lió: Waltener
- VACHEZ, Antoine (1904). La Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez. Lyon: Brun















