Le monastère de Saint-Sébastien de Manglieu (Magnus Locus) fut fondé par l’évêque Genès de Clermont (656-662) sur l’une de ses propriétés. Le premier abbé en fut Évodius. La communauté connut alors un certain essor, disposant de deux églises : l’une dédiée à la Vierge Marie et l’autre aux Apôtres. L’évêque Bonet de Clermont (633-710) s’y retira, et c’est grâce au récit de sa vie (Vita Boniti) que nous connaissons quelques détails de la configuration initiale du monastère.
Par la suite, Manglieu fut abandonné, probablement à cause des invasions normandes. Il fut restauré vers 812 par Louis le Pieux, roi d’Aquitaine entre 781 et 817, qui en 818, déjà roi des Francs, lui accorda l’immunité. Au XIIᵉ siècle, d’importants travaux furent entrepris dans l’église, puis à nouveau dans la première moitié du XVIᵉ siècle, avec de nouvelles constructions qui touchèrent aussi bien l’église que d’autres bâtiments monastiques. L’ancienne église des Apôtres devint l’actuelle église paroissiale Saint-Sébastien, vocable qu’elle adopta au IXᵉ siècle lors de l’arrivée de reliques de ce saint.
L’église de Manglieu conserve encore le chevet du VIIᵉ siècle, de plan rectangulaire et couvert à l’origine de bois, ainsi que le narthex situé à l’ouest de la nef, partie de la construction romane du XIIᵉ siècle. Les nefs appartiennent à l’édifice bâti au XVIᵉ siècle. Des éléments du cloître subsistent également, ainsi que quelques vestiges de l’église Notre-Dame, qui conserva une fonction paroissiale jusqu’à la Révolution, tout en gardant ses liens avec le monastère.
Extérieur du chevet avec construction ajoutée
Plan de l'église
Illustration tirée de Manglieu (Congrès Archéologique de France)
Chapiteau du narthex
Narthex et tribune
- BEAUNIER, Dom (1912). Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Vol. 5. Bourges. Abbaye de Ligugé
- CRAPLET, Bernard (1972). Auvergne romane. La nuit des temps, 2. Zodiaque
- DESHOULIÈRES, M. (1925). Manglieu. Congrès Archéologique de France. 87 ss. París: Picard
- GUÉRIN, Paul (1888). Les Petits Bollandistes. Vies des saints. Vol. 6. París: Bloud et Barral
- HUBERT, Jean (1959). Les églises et bâtiments monastiques de l'abbaye de Manglieu au début du VIIIe siècle. Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France
- MALLAY, Armand (1838). Essai sur les églises romanes et romano-bysantines du département du Puy-de-Dôme. Moulins: Desrosiers
- MARTINEZ, Damien (2016). Les premiers monastères d’Auvergne à la lumière de la documentation textuelle et archéologique (V e -X e siècle) : état de la question. BUCEMA, 10
- MARTINEZ, Damien (2023). À la croisée des chemins de l’histoire... Le monastère primitif de Manglieu (Puy-de-Dôme) : VIIe-XIe siècles. Dijon: Artehis
- RÉSIE, Comte de (1855). Histoire de l'église d'Auvergne, vol. 2 (600-1100). Clermont-Ferrand. L. Catholique
- SAINT-MAUR, Congregació de (1720). Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa. Vol. 2. París: Typographia Regia
L’abbaye de Manglieu se trouve dans la localité du même nom, au sud-est de Clermont-Ferrand