Abbaye Saint-Fortunat de Charlieu
Saint-Étienne de Charlieu / Carus Locus / Carilocus / Prieuré de Charlieu
(Charlieu, Loire)
En 872, l’évêque de Valence, Ratbert, et son frère Édouard fondèrent l’abbaye bénédictine de Charlieu (Carus Locus), dédiée aux saints Étienne et Fortunat. Ce dernier, avec Félix et Achille, évangélisateurs du territoire de Valence, mourut martyr en 212. Les fondateurs mirent à la disposition du nouveau monastère des terres incultes leur appartenant. L’année suivante, en 873, le pape Jean VIII confirma sa dépendance directe envers le Saint-Siège. Le premier abbé fut Gausmar.
Boson (v. 844-887), roi de Provence et beau-frère de Charles le Chauve, fut un important protecteur de Charlieu et intervint activement dans son développement ; parmi d’autres donations, il lui donna en 879 le monastère de Saint-Martin de Régny. Les faveurs obtenues de Boson et d’autres personnalités contribuèrent à donner à l’abbaye une certaine notoriété. En 932, au moment de l’essor de l’abbaye de Cluny (Saône-et-Loire), le pape Jean XI incorpora Charlieu à ce monastère, dont elle dépendit désormais et dont elle reçut protection. Cette incorporation entraîna son passage au rang de prieuré.
Le rapprochement avec Cluny permit également d’élever une nouvelle église au XIᵉ siècle, consacrée vers 1094. Au siècle suivant, on construisit le narthex, qui s’est conservé jusqu’à nos jours. En 1280, les franciscains s’installèrent sur des terrains appartenant à l’abbaye, ce qui provoqua des désaccords entre les deux communautés. Parallèlement, au XIIIᵉ siècle, le monastère fut fortifié ; de ces travaux subsiste notamment une grande tour ronde.
Par la suite, d’importants travaux furent réalisés dans les bâtiments conventuels, parmi lesquels le cloître et la salle capitulaire. Le monastère fut fermé peu avant la Révolution française, en raison du refus de la communauté d’accepter les réformes imposées depuis Cluny. S’il ne fut pas directement supprimé, il subit néanmoins les conséquences de la Révolution : en 1792 le site fut envahi et incendié, ce qui entraîna, entre autres pertes, la destruction des archives.
Après cela, l’église fut mise en vente et divisée : les nefs furent démolies en 1800, tandis que le narthex fut conservé. Au milieu du XIXᵉ siècle, un tronçon de nef encore debout disparut en partie, tandis que l’on protégeait l’atrium, où l’on conserve une remarquable décoration sculptée, avec des chapiteaux et deux portails ornés, ainsi que la porte de l’église. Malgré la disparition du réfectoire, une part importante des bâtiments de l’ancienne abbaye est toujours conservée. Au XXᵉ siècle, les maisons construites sur l’emplacement des nefs furent démolies, ce qui permit de mettre au jour les fondations de l’église, correspondant à différentes phases de sa construction.
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